Passé Chaldas et sa coutellerie, au km 70, le parcours de TARN Valley TRAIL lèche les bottes du Puech d’Alluech. Quatre fois moins haut que le Mont Blanc, il offre néanmoins une vision sur un causse Méjean sans camouflage.

Il faut bien l’avouer, le Mont Gargo avec ses 1247 mètres, ça ne chatouille pas les queues de comètes, ça n’effleure pas la pluie d’étoiles des voies lactées.

Ce sommet, il est rond comme un chapeau melon posé sur la tranche, de la caillasse et des clapas à fleur de peau, des cheveux d’anges à la belle saison, mèches rebelles aux reflets d'argent lorsque le vent d’autant affole la crinière drue des chevaux Przewalski.

A l’opposé du causse Méjean, au nord-ouest du plateau, le Puech d’Alluech avec ses 1156 mètres d’altitude n’a pas la prétention, lui-aussi de rivaliser avec les cimes épurées et élancées du parc des Ecrins, du Mercantour et du Cervin. D’ailleurs, il s’en moque un peu, il a sa propre fierté. Et par sagesse ou modestie, il s’est bien gardé de ne pas s’appeler Pic d’Alluech pour ne pas déclencher les railleries du visiteur à peine essoufflé grimpant, même face nord, sur l’échine assagie de ce mamelon au dos rond.

Mais pour autant, ces petits sommets, disséminés en éventail, le Puech d’Alluech, le Mont Roudio, le Grand Batailles, le Mont Récoux posés comme des moignons érodés sur un Méjean déplumé, sont des tours de vigie veillant comme de grands mages sur la beauté des lieux.

Dans ce vaste jardin sans clôtures où le cade joue de fausses barricades, le camouflage est impossible. Il y a bien des bordées de buis d’un roux cramoisi où le garenne se planque aux aguets les oreilles dressées mais aucun détail minéral, végétal et spatial n’échappe à la contemplation. La lumière ruisselle en cascade, des Monts d’Aubrac présumés, pour se jeter en dégradés dans les entrailles des gorges du Tarn que l’on devine sculptées sous le joug de flots anciens et herculéens. Et puis lorsque l'oeil se fixe sur le premier plan, en contre-bas, sous vos pieds, ce causse, cette pelouse sèche, revêche, ces arbres morts gisant sur le flanc comme des squelettes pétrifiés et cette nuée de vautours surpris dans leur festin, se disputant en gardiens du temple, les restes d’une carcasse de brebis.

Vision féodale, sans confession, sans requiem…Vous aussi, dans ce paysage d’une insolente simplicité, serez-vous les gardiens du temple ?

Photo : prises sur le Causse Méjean aux abords du Puech d'Alluech entre Chaldas et Prunets

Post Facebook le 5 janvier 2022