160 km, CA PARAIT DINGUE !!!
Samedi, 20 heures, Messenger qui rigole dans le téléphone «dis-moi, sais-tu si un bus fait la liaison Millau – Les Vignes lundi matin ?». J’ai pensé «dit-donc Nicolas, tu débarques de ta banlieue ou quoi ?» mais je me suis abstenu, je lui ai répondu «je fais la route lundi matin, j’ai un petit oiseau qui fait des caprices et je vais sans doute devoir changer le parcours, je vais donc sur le terrain et je peux te prendre».
Lundi, 9h du matin, au coin d'une boulangerie, Nicolas Cantagrel attendait son Uber de luxe, une boîte d’œufs à la main en cadeau, une douzaine s’il vous plait de son poulailler et deux jolis bandeaux aux couleurs de l’Ekip Trail de Rodelle tout fraîchement organisé.
Nicolas Cantagrel, on se connaît depuis… ??? Toujours… ???? Non qu’en même pas…Depuis longtemps ? Oui, sans aucun doute depuis cette victoire chez les espoirs aux Templiers alors qu'il n'avait que 20 ans. Depuis l’ancien pistard, l’ancien crosseux a réalisé un sacré bout de chemin dans l’univers de la course à pied sous toutes ses formes créant même le speed cross, version punchy du cross-country qui malheureusement ne trouva pas racine dans le terreau asséché de cette discipline athlétique en souffrance médiatique.
Un lundi de Pâques, premier pont de l’année, premières chaleurs également, à 9h du matin, la route des Gorges n’était pas encore encombré de motards flirtant des genoux avec le goudron «ah oui, effectivement, y’a pas grand monde, j’aurai galéré en stop» Nicolas Cantagrel regarde la route défiler et le Tarn cheminer dans une vallée qu’il connaît bien «chaque année avec ma femme et mes enfants, nous réalisons une rando sur plusieurs jours et il y a trois ans, nous sommes partis de Florac en longeant le Tarn pour arriver au Rozier, c’est cela qui m’a poussé à m’inscrire à Tarn Valley».
Nicolas Cantagrel fut en effet dans les starting-blocks à l’ouverture des inscriptions, le premier à dégainer, sans se poser de mauvaises questions «de toute façon, pour ce genre de course, tu n’es jamais assez prêt».
Millau – les Vignes, 50 minutes de voiture suffisent, une petite heure à reparler brièvement du speed cross, de son activité de chronométreur qu’il mène avec son frère et son épouse « cette année, Tarn Valley, ça sera sans doute ma seule course de l’année. Mais avec le chronométrage, c’est une autre façon de vivre la course à pied ».
« Une autre façon de vivre la course à pied » j’ai bien aimé cette expression. Elle colle bien au personnage, la quarantaine toute fraîche, prof de sport très engagé dans la pédagogie des activités de pleine nature, précurseur des off, ces longues traversées en solitaire comme celle qu’il réalise de Volvic à St Guilhem du Désert en passant par tous les sommets du Massif Central à raison de 60 kilomètres au quotidien.
Arrivé aux Vignes, un petit air frais balayait la vallée, le soleil hésitait encore à percer ce mur de nuages vaporeux. Appuyé sur la rambarde du pont, nous avons parlé dopage, sans voir le temps passé, il y a tant à dire lorsque l'on évoque la face noire du sport que l'on aime. Nicolas a fini par ajuster les dragonnes de ses bâtons en levant le nez vers cette curieuse bâtisse, l’ancien couvent de St Rome de Dolan, accroché au bord de la falaise « un jour, j’ai dormi là, pour le raid du Gévaudathlon, c’est impressionnant ».
Au programme donc, la reconnaissance des 50 derniers kilomètres de la Tarn Valley Trail. Le soir, sur sa page facebook, il écrivait «Quelle beauté mais quel chantier ! Des souvenirs des Templiers, du marathon des Causses, de la Solitaire, du challenge Strava, du Gevaudathlon... Bref, de nombreux tronçons connus mais pleins d'autres découverts ! 160 km, ça paraît dingue !"
Post Facebook le 20 avril 2022
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